Labélisation “Jardin remarquable”

Le label « Jardin remarquable » est délivré par l’État aux jardins ouverts au public présentant un intérêt culturel, esthétique, historique ou botanique. En 2014, ce label était décerné à 396 jardins en France, dont 27 dans les Yvelines et 2 à Versailles (le Potager du Roi et le Domaine National). En attribuant cette labellisation à la parcelle Paul Philippe des Jardins familiaux de Versailles par décision du Préfet de Région en date du 16 décembre 2014, le ministère de la Culture et de la Communication atteste l’intérêt exceptionnel du site des Petits-Bois. Mais cette reconnaissance couronne aussi une œuvre souvent méconnue de la philanthropie versaillaise de la première moitié du XXe siècle.Situé à la périphérie de la Cité royale au cœur du quartier des Petits-Bois, le site Paul Philippe de l’Association des Jardins familiaux de Versailles couvre une superficie d’à peine un hectare. Témoin immatériel de l’histoire sociale de la Ville, il est cultivé depuis 1906 par des jardiniers ouvriers puis familiaux. Devenu la propriété de la Société des Jardins ouvriers de Versailles en 1914, le terrain a été transmis par filiation à l’actuelle Association des Jardins familiaux de Versailles et communes environnantes. Ce site de jardins est remarquable par la conjugaison de plusieurs facteurs : historique, patrimonial, urbanistique, environnemental et humain.

Un jardin aux fonctions multiples

La parcelle Paul Philippe de l’Association des Jardins familiaux de Versailles est remarquable par son histoire qui est plus que centenaire, par sa situation qui la place à proximité immédiate de la cité-jardin versaillaise construite en 1925, enfin par le dernier témoignage qu’elle apporte du passé maraîcher et horticole de cette partie de la Cité royale. Mais la parcelle Paul Philippe des Petits Bois est aussi remarquable par les fonctions qu’elle assure au sein du quartier au milieu duquel elle est implantée.

Des fonction urbanistiques

  • Ces jardins sont insérés dans un tissu urbain où le logement social prédomine, ils côtoient une cité-jardin dont l’existence procède de la même logique de l’histoire sociale.
  • Par son rythme naturel, cet espace contribue à l’apaisement urbain en faisant office de poumon de verdure au cœur d’un quartier fortement urbanisé.
  • Entourée d’immeubles « HLM », cette parcelle assure une transition structurée entre la ville et la forêt de Fausses-Reposes (espace urbain → jardins familiaux → immeubles sociaux → cité-jardin → forêt).

Des fonctions sociales

  • Ce lieu apaisé contribue au calme et à la sérénité du quartier.
  • Suite à la crise économique mondiale de la fin du XXe siècle, ces jardins ont retrouvé leur fonction initiale : assurer un complément alimen­taire aux familles modestes et/ou nombreuses.
  • Ouverte à tous, l’association permet à certaines personnes en situation précaire de se maintenir dans l’espace social.

Des fonctions environnementales

  • Les pratiques culturales privilégient des méthodes traditionnelles excluant les produits phytosanitaires et les engrais chimiques.
  • Les multiples espèces végétales y sont cultivées dans le respect de l’environnement : récupération des eaux de pluie, compostage et utilisation de produits naturels.
  • Cet espace est un lieu de transmission des savoirs jardiniers, tant entre générations qu’entre communautés.

Des fonctions humaines

  • Divisée en quatre-vingts jardins, cette parcelle au milieu de la cité constitue un lieu de rencontre entre des personnes d’origines, de milieux et d’âges différents. Elle facilite ainsi le relationnel entre les diverses communautés et améliore la cohabitation intergénérationnelle.
  • Par la diversité d’origine des jardiniers, ce site permet à chacun de découvrir les cultures des autres communautés et de s’enrichir de leurs pratiques culturales variées (Asie, Maghreb, Europe de l’Est, Europe du Sud, Ile Maurice, Territoires d’Outre-mer et enfin diverses régions françaises).
  • En accueillant des classes d’écoles primai­res, ce lieu permet aux enfants de découvrir les fleurs, les fruits et les légumes, la façon de les cultiver, les saveurs et les senteurs d’un jardin mixte.
  • Enfin, comme un dernier cadeau… certains jardiniers ont le privilège de voir leur jardin depuis la fenêtre de leur appartement HLM.

Les jardins sont attribués sur demande avec une obligation à cultiver. L’attribution ignore les conditions de nationalité, d’origine ou d’appartenance. Si la grande majorité des lots est allouée aux “locaux”, l’Association accueille aussi des habitants des communes environnantes.

Texte : Pierre Desnos

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